29 septembre - 22 octobre 2023
FRAC Bourgogne
16 Rue Quentin, 21000 Dijon
Watch to earn is an exhibition conceived following my participation
in the research and production residency, Storefront, at Frac
Bourgogne.
This exhibition delves into the concept of the viewer's
expressiveness, where my relationship with films is treated as
artistic motifs and discursive spaces.
Eldorado sign, 2022, toile, acrylique, 90 x 200 cm
L’Eldorado, c’est la quête effrénée d’une liberté financière, un mirage
collectif qui déguise un trajet spéculatif vers les possibles de nos
existences. Une ruée vers l’or qui n’en est pas vraiment une, mais
plutôt une course insatiable vers le temps. C’est une promesse, toujours
plus lointaine, d’un avenir où le temps serait enfin disponible à
profusion. Paradoxalement, c’est aussi un lieu, une salle de cinéma
située rue Alfred de Musset, à Dijon.Là, passé immobile et futur
illusoire se rencontrent, l’Eldorado devient une intersection entre le
réel et l’imaginaire, entre le tangible et l’intangible.
Sur la façade droite du bâtiment trône La femme au miroir de Loïc
Raguénès (1968-2022), une œuvre à mi-chemin entre la peinture et
l'affiche publicitaire. En pointillé bleu, s’immortalise une scène du
film Eyes Wide Shut, où Nicole Kidman se dévoile nue devant son miroir.
Un jeu de reflets, d'ombres et de lumière. Une image saisie dans
l’intimité du cinéma, transposée dans l’espace public, offerte à la
contemplation des passants rue d’Auxonne. Raguénès, en 2010, avait déjà
balisé la direction de cette circulation des images : des films à la
rue, du privé au commun, du cinéma à la peinture.
L’exposition Watch to Earn, présentée à l’Eldorado et née d'une
résidence au sein du Frac Bourgogne, explore cette fusion entre regard
et économie. Le titre même de l’exposition est un emprunt à un modèle
économique propre à l’ère digitale, où chaque visionnage devient un acte
monétisé. Dans cette configuration, le spectateur n’est plus seulement
récepteur, il est également acteur d’une transaction subtile : son
attention, son temps, contre des Tokens, ces jetons virtuels qui
transforment la consommation en échange marchand. Ici, le visionnage
devient une marchandise, et l’on abolit le privilège des accréditations,
l’élitisme des avant-premières. Désormais, chacun est payé pour voir,
car voir, c’est déjà communiquer, et communiquer, c’est vendre.
Cette réflexion prend racine dans un désir plus profond : replacer le
spectateur au cœur du processus créatif. Fusionner son temps de
contemplation avec le temps de création artistique, abolir la distance
entre l’œuvre et celui qui la regarde. Il s’agit d’interroger la
possibilité d’une économie du regard, née de la rencontre entre l’objet
regardé et l’impact que ce dernier laisse dans la mémoire intime de
celui qui l’observe. L’économie du spectateur, une formule qui ne laisse
rien au hasard : il s’agit de comptabiliser l’échange subtil entre deux
mondes – celui de l’image et celui du souvenir.
L’exposition Watch to Earn incarne donc une réflexion sur la
marchandisation du regard, où le spectateur devient partie prenante d’un
système d’échanges, non seulement récepteur passif, mais un participant
actif dans l'économie moderne du numérique. Ici, "earn" appartient au
lexique de l'enrichissement et de l'argent, soulignant la manière dont
l'acte de regarder, autrefois passif ou introspectif, est désormais
intégré dans un mécanisme économique. La consommation d'images devient
non seulement un moyen d'évasion ou d'émancipation, mais aussi un acte
monétisé, où l'attention du spectateur est transformée en une forme de
capital, un produit valorisé dans l'économie numérique.
Installation KS1, 2022, toile, affiche film, papier chromolux, impression laser
Cette exposition est d’abord née d'une volonté de placer l’expérience du spectateur au cœur du processus de création. Réunir le temps de spectateur et le temps de travail artistique.
Partie de l’installation KS1, 2022, toile, affiche film, papier chromolux, impression laser
J’utilise ici la formule d’économie du spectateur car c’est bien de cela dont il s’agit : de tenir une comptabilité des deux mondes et de leur respect réciproque.
Les cinq diables, 2022, toile, impression laser, dimensions variables
Les monochromes ainsi que les images produites comme celles que l’on s’en fait, sont les matériaux de prédilection des collages muraux présentés dans la boutique des Bains du nord.
Détail Les cinq diables, 2022
Setting up Les cinq diables piece, 2022,
While we’re young, 2022, toile, affiches de film, impression laser, 80 x 200 cm
KS3, 2022, toile, affiche film, papier chromolux, impression laser
Détail KS3, 2022,
Desk sculptures, 2022, publicités, papier, dimensions variables
AD1, 2022, papier chromolux, impression laser, 65 x 50 cm